mercredi 31 octobre 2012

"Petit Chat Noir a peur du soir" fait des petits espagnols, tout en menant sa vie en France


Petit Chat Noir a peur du soir

Auteur : Joel Franz Rosell

Illustrateur : Beppe Giacobbe

Editeur : Bayard Jeunesse (Paris, mars 2011)

ISBN : . ISBN: 978-2-7470-3485-2

Collection : Les belles histoires des tout-petits (2-4 ans, et plus)

Résumé :

Petit chat noir refuse de s'aventurer dans la nuit, jusqu'au jour où sa curiosité le     pousse vers la forêt. Il y découvre un univers riche, au cœur duquel ses yeux de chat sont un atout.

Sujets : peur, nuit, chat, livre d’images

 

Petit Chat Noir a peur du soir est mon septième livre français. Joliment édité dans la collection « Les belles histoires des tout-petits » (Bayard. Paris, 2011), l’objet est particulièrement adapté aux mains des enfants de 2 à 4 ans. Les superbes illustrations de Beppe Giacobbe évoquent l’atmosphère nocturne du récit et l’intonation poétique d’une histoire assez simple : la découverte de la nuit et de soi par un petit chat qui craint se perdre dans l’obscurité à cause de la parfaite noirceur de sa toison. 

 

Première version : revue Tralalire n° 90.  Paris, mai 2008

Publiée d’abord dans la revue Tralalire (Bayard presse, mai 2008) cette histoire a été cautionné  par les enfants et a même fait l’objet d’une traduction en anglais.


       Version anglaise. Revue Story Box, n° 137.
Peterbourough (Grande Bretagne), 2009
 
Je suis le heureux auteur de "Petit Chat Noir a peur du soir". Recherchant une image scannée de la couverture de mon tout récent dernier livre, je découvre ce commentaire enthousiaste. Il me fait chaud au cœur. Je ne suis pas un auteur débutant (une vingtaine de livres dans ma langue maternelle l’espagnol, car je suis Cubain d’origine, et sept en français), mais les bonnes critiques des livres pour la jeunesse sont rares et encore plus lorsque cuex-ci  s’adressent aux tout petits. Je suis d’accord sur le fait que la couverture n’est pas très « parlante » et sur le rendu des illustrations, plus réussi dans la version revue. Mais les enfants ont une meilleure qualité de vue que nous autres, adultes, et probablement ils ne se plaindront pas d’un si joli livre. Si vous avez aimé celui-ci, vous devriez apprécier également mon livre précédent, « L’Oiseau-lire » (Belin, 2009).
 
Au salon du livre de Firminy, mars 2012

 
Les lectures de Bauchette                                        mardi 22 février 2011

Petit chat noir a peur du soir car noir de la pointe des oreilles au dessous des pattes, il craint que dans le noir on ne le retrouve pas s'il se perd. Un soir, il ose s'aventurer à la suite de ses frères et soeurs, pour enfin "connaître la forêt et les hiboux et les lucioles". Tant que la lune éclaire la forêt sombre, tout va bien, mais quand la lune se cache derrière les nuages et qu'il fait nuit noire, petit chat reste terrifié, les yeux fermés. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'à côté de lui il y a un petit animal (un petit lapin perdu) qui a encore plus peur que lui et qu'il lui suffit d'ouvrir grand ses yeux pour voir dans le noir, comme tous les autres chats !
Quelle histoire, parfaitement menée et joliment illustrée! La couverture ne me disait rien qui vaille au départ mais ce texte, franchement, est une vraie réussite. Il est vrai que j'ai toujours été fascinée par cette faculté des chats à pouvoir voir et être vu dans le noir, comme si de petits phares se dissimulaient derrière leurs yeux...  Mais ce texte recouvre encore plein d'autres choses : les thèmes de la peur et de la nuit, la tendresse d'une rencontre entre deux animaux, la prise de conscience de ses capacités propres et le plaisir ensuite d'en jouir... Une structure narrative simple pour s'adapter à l'écoute des plus petits  mais une histoire d'une très grande richesse avec un vrai talent d'écriture.

Ce beau texte est  illustré par Beppe Giacobbe, un artiste italien édité aux Etats-Unis, en Italie et en France. Je trouve qu'une vraie personnalité se dégage des illustrations de cet album  même si au vu du portfolio de l'artiste, elles ne sont pas représentatives de son style. Ce travail sur le noir, le contraste, les pleins et les vides est vraiment intéressant et d'un très bel effet visuel (que ne rendent cependant pas totalement les pages plastifiées de cet album. Le livre résiste certes aux petits mains un peu brutales mais ce brillant est assez désagréable à l'oeil, il faut bien l'avouer, et cette illustration aurait peut-être mérité une impression sur un autre support, plus mat). Et il y a dans ce dessin du Petit Chat Noir une tendresse infinie... qui nous fait fondre.

Un bonheur de lecture, donc, accessible aux enfants dès 2 ans.

 
 

La première classe de CP avec laquelle j’ai partagé mon Petit Chat Noir

Très satisfaite du bon accueil de Petit Chat Noir a peur du soir, la revue Tralalire (Bayard) m’a demandé des nouvelles histoires autour du personnage. Or, je n’ai pas réussi à les convaincre, alors que mon éditeur espagnol Kalandraka en était à tel point ravi que la série Gatito (Petit Chat) est déjà à son deuxième titre. Ce n’est que récemment que je me suis rendu compte qu’il y avait une différence dans le traitement du héros : dans mes nouvelles histoires il n’était plus un chat légèrement humanisé, mais un chat tout à fait anthropomorphe. Ça se remarque tout de suite lorsque l’on voit les très belles illustrations de Constanze von Kitzing pour la série Gatito.

 
Gatito y el balón (Petit Chat et le ballon)

Kalandraka. Sevilla, mai 2012

Disponible en espagnol, anglais, basque, catalan,

italien et portugais.

 
Gatito y la nieve (Petit Chat et la neige)
Kalandraka, novembre 2012
Disponible en espagnol, anglais, basque,
catalan et portugais.

mardi 16 octobre 2012

Tintin se mêle de la question Rom

Hergé a été accusé de tous les maux : d’antisémitisme (ici et là), d’opinions colonialistes (Tintin au Congo), de positions filo-fascistes (pour sa collaboration –et le mot tombe à pic- avec le journal Le Soir pendant l’occupation allemande de la Belgique)...

On oublie par contre souligner ses prises de position progressistes ou tout au moins humanistes lorsqu’il condamne le capitalisme prédateur envers les « peaux-rouges » (Tintin en Amérique), le militarisme japonais face aux Chinois (Le lotus bleu), ou la tentative d’anschluss de la Syldavie par le nazi-fasciste Müstler (Le sceptre d’Ottokar).

La polémique que soulève de nos jours la politique du Ministère français de l’intérieur envers les Rom, nous renvoie à l’exemplaire représentation de la question qui offre Hergé dans son album éponyme Les bijoux de la Castafiore (1963!).   

Il n’y a que Tintin pour ne jamais tomber dans le stéréotype. Tous les autres personnages de l’album, à degrés divers y sont coupables : des fois ils sont indifférents comme la Castafiore,  ou soupçonneux comme Nestor, mais ils peuvent aussi se montrer ouvertement prédisposés contre les Roms.

Au premier abord, les héros de la série, Tintin et Haddock se limitent à constater le déplorable sort des « bohémiens ».



Nonobstant, le capitaine Haddock ne peut pas s’empêcher d’exprimer des préjugés lorsqu’il suppose que les Gens du voyage ne daignent pas camper au milieu des ordures.



Son bon cœur le fait se raviser et il offre généreusement ce que la mairie a nié aux caravaniers : un endroit approprié pour camper.

La même évolution n’est pas à attendre des autres. Le « bon Nestor » est convaincu que les Rom sont nuisibles.

 
Ce n’est qu’à peine mieux de la part d’un autre grand cœur qui, en plus, se trouve être le représentant de la science dans les Aventures de Tintin, le professeur Tournesol.


La question s’aggrave chez les représentants de l’Etat. Certes les Dupond & Dupont sont des brillants exemples du européen moyen, mais ils sont, ne l’oublions pas des policiers professionnels. Ils n’auront la moindre hésitation quant à la culpabilité des Romanichels dans l’affaire du vol des bijoux de la Castafiore. L’absence de preuves n’est pour eux qu’un détail.













Leur prédisposition est parfaitement partagée par l’autre représentant de l’Etat qui intervient dans l’album, le chef du poste de gendarmerie locale, autrement dit le représentant du préfet qui, on s’en doute, est le même qui n’a laissé aux caravaniers autre choix que s’installer dans la décharge publique.









Que le digne fonctionnaire soit traité de perroquet par le capitaine Haddock, n’est pas la conséquence d’un simple gag. Ce serait méconnaître la capacité à multiplier les messages qui est trait caractéristique du style d’Hergé. Ligne claire n’a jamais été synonyme de simplisme et encore moins d’absence de réflexion sur le monde.


« Les bijoux de la Castafiore » raconte l’histoire d’un vol qui n’eut jamais lieu. L’affaire des Rom n’est-il pas, lui aussi, un rideau de fumée ? (en italien, les bons amateurs de BD le savent, phylactère se dit « fumetti »).

Cuba, terre des débrouilles

  Une fois n'est pas coutume. Habituellement je parle de littérature jeunesse. C'est la spécialité que je cultive en tant qu'aut...