jeudi 30 avril 2015

Tous les jours c'est Jour international du livre



L’UNESCO a choisi le 23 avril comme Jour international du livre et du droit d’auteur. En souvenir du 23 avril 1605 lorsque William Shakespeare et Miguel de Cervantes ont eu la mauvaise idée de mourir, plongeant la littérature mondiale dans le chagrin. Pour mieux rendre la journée mondiale, les deux grand européens, ont été rejoint au Paradis, le même jour, par le premier grand écrivain américain, l’Inca Garcilaso de la Vega.


Mais on ne saurait pas réduire les livres à une seule journée par an ! Moi je lis tous les jours et tous les jours j’écris. Parfois je travaille dans un roman ou une nouvelle, parfois je réécris, parfois je ne fais que penser aux livres, à l’écriture… et j’en prends note (notes). En voici un petit florilège :

Lorsqu’un écrivain raconte l’Himalaya, sa parole ne manque pas d’air. Bien au contraire, ses mots ont la grandeur, la pureté d’atmosphère des grands sommets.

Je suis un écrivain méfiant. Chaque mot qui me tombe sous la main, je la tourne et la retourne comme une chaussette avant de l’enfiler au bout de ma phrase.


Il y a des lecteurs myopes et il y a des lecteurs presbytes. Des lecteurs qui lisent de près et des lecteurs qui lisent de loin. Ceux qui ne voient que l’ensemble, parcourant l’histoire à grandes enjambés, sans s’arrêter devant les détails… et puis les autres, les meilleurs, qui lisent plus attentivement, remarquant non seulement le tissu fin de l’histoire, mais aussi les plus subtiles humeurs des personnages et la si riche et révélatrice matière qui constituent la langue et la forme littéraire.

Tout écrivain est égocentrique et je n’y vois pas là un problème. Par contre, il n’a pas le droit d’être égoïste. La littérature se partage où n’est rien.



Lorsqu’on est bon lecteur, on vit ce que l’on lit. Ne vous étonnez donc pas de trouver dans mes mémoire –si je consent à les écrire un jour- des morceaux choisis des livres écrits par bien d’autres personnes, et pas nécessairement de grands auteurs, car on peut lire en Grand ce qui a été écrit petit.

En tant qu’écrivain je devrais être jugé sur ce que je dis (par écrit) et pas sur ce que je fais (dans ma vie privée). A l’écris je suis réfléchi, responsable, « efficace », professionnel ; tandis que dans l’action je ne suis que brouillon. Dans la vie, je suis un amateur comme les autres.


En France on parle trop de « texte » et pas assez d’œuvre. C’est peut-être parce que ce dernier mot sonne pompeux, mais le résultat est que l’on réduit l’œuvre à ce qui est effectivement –objectivement- écrit, tandis que l’on perd le Daemon, l’effluve, l’implicite, le rêve… ce qui fait transcendent l’Œuvre. On adore l’idole et pas le Dieux qu’il est censé représenter.

Je veux écrire le mot « feu » et que ma feuille brûle. Je veux écrire ruisseau et que ma feuille soit tout de suite trempée. Je veux écrire « rose » et que ma feuille en prenne la couleur, la douceur, l’odeur enivrante…

Nous les écrivains appartenons à la lignée de Cyrano et pas à celle de Pinocchio. Nos mensonges sont bien mieux tissées et surtout non aucun souci utilitaire.

Je ne pense pas à mes lecteurs lorsque j’écris. J’ai déjà suffisamment à faire avec mes personnages, alors pourquoi m’encombrer d’êtres qui ne jouent aucun rôle dans le livre. Le lecteur n’appartient pas au monde de la création mais au monde de la réception (quitte à devenir un personnage du livre qu’il lit, mais seulement dans son temps). Il faut donner à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César.

Tous les anthropologues et les historiens sont d’accord sur un point : c’est l’écriture –et donc, la lecture- qui marque le début de l’Histoire. Dans ce sens c’est la plus grande invention de l’humanité. Le jour où l’Homme renoncera à la lecture –donc, à l’écriture- il reviendra à l’obscurité de la préhistoire, rentrera-t-il en la posthistoire. Et ce sera la fin.  


« Madame Bovary c’est moi » a dit Gutave Flaubert. Mais tout juste qui soit la formule, ce n’est pas moins vrai que Madame Bovary c’est le lecteur.

On dit souvent : « Les livres sont des compagnons ». C’est vrai que tout lecteur se trouve en compagnie d’un auteur lorsqu’il lit. Par contre l’auteur, lui, est tout seul… au même temps qu’il est peut-être lu par des dizaines de gens. Mais il n’a pas la certitude d’être lu lorsqu’il entame son œuvre. Cette solitude qui pèse sur lui est sa croix, mais aussi son autel.

Un grand éditeur c’est quelqu’un qui publie des livres commerciales pour en gagner de l’argent. Un petit éditeur est quelqu’un qui arrête de publier de la grande littérature pour ne pas perdre de l’argent.

Il y a des choses que l’on écrit parce qu’on ne les a pas vécu (et en faisant cela on veut s’assurer de ne pas avoir à les vivre). Il y a donc des choses que l’on peut écrire justement parce qu’on ne les a jamais vécu… mais bien d’autres choses on ne peut pas les écrire qu’à condition de les avoir expérimentés soi-même. Et, pour finir, il y a des choses que l’on écrit parce qu’on sait qu’on n’aura jamais la chance de les vivre.


On ne choisit pas d’être écrivain. C’est la vie qui vous fait ça. Après, vous pouvez vous laisser porter, vous relâcher ou vous appliquer à la tâche vu que, en fin de compte, vous aimez ça. Dans la fatalité, l’homme a toujours la possibilité de choisir.


Avant, l’écrivain jouait de ses mains à être un danseur : la plume entre ses doigts faisant des entrechats, des pirouettes. Désormais, l’écrivain joue à être musicien, ses doigts pianotant sur le clavier. Le son n’est pas beau, mais les lettres qui en sortent composent de mots et des phrases parfois très beaux. 


samedi 11 avril 2015

CUBA ET COLOMBIE: MES NOUVEAUTES EDITORIALES

Cela fait désormais quatre ans que je n’ai pas publié de livre en France. J’espère que cela ne tardera pas à être « sévèrement » corrigé. En attendant, je n’ai pas chômé, mais mes dernières nouveautés il faut aller les chercher de l’autre côté de l’Atlantique. Plus précisément en Colombie et à Cuba, où sont parus un album et deux romans, ainsi que un texte de fiction et un entretien dans deux compilations largement diffusées.


"Il était une fois un épouvantail" serait la traduction pour cet album dont je suis auteur et illustrateur. Un conte pour les tous-petits édités en Colombie par Libros & Libros fin 2014.


Voici l'édition cubaine, joliment illustré par Valerio, de mon roman "Concert n°7 pour violon et sorcières" (inédit en français), Ediciones Cauce (Pinar del Río, Cuba, 2014) reprend le texte présenté il y a un an et demi au Mexique par Fondo de Cultura Económica. 



"La légende de Taïta Osongo" est disponible en français depuis 2004, lorsque Ibis Rouge (Matoury, Guyane Française) proceda à sa première édition. Ce livre a déjà été publié au Mexique et en Argentine, en espagnol, et au Brésil, en portugais. Cette deuxième édition cubains (Ediciones Matanzas, 2014) fut précédée à Cuba même par une édition qui comportait mes propres illustrations (Ediciones Capiro. Santa Clara, 2010)   

"Ceux qui écrivent pour les enfants sortent du placard" pourrait être la traduction de cette sélection d'entretiens avec de nombreux auteurs cubains pour la jeunesse. Compilation de Enrique Pérez Díaz pour Editorial Gente Nueva. La Havane, 2013.

Sélection de contes et récits autour du "jouet préféré" par 49 des plus importants auteurs cubains pour la jeunesse 



Cuba, terre des débrouilles

  Une fois n'est pas coutume. Habituellement je parle de littérature jeunesse. C'est la spécialité que je cultive en tant qu'aut...